La 27° chronique de Bruno Blaisse

 

 

 

 

 

 

Notes de lecture : 

« L’hypnose pour simplifier les relations familiales ». Nicole Prieur. Pocket. (2019). (190 pages). 6.7 €. L’auteure est philosophe, thérapeute familiale et hypnothérapeute, élève de François Roustang. Dans la première partie elle analyse les relations à l’intérieur de la cellule familiale (« comment supporter sa famille », « guérir de sa famille », etc.) dans la seconde elle détaille les relations dans le couple et enfin la troisième partie est une synthèse sur la façon de trouver sa place dans le monde. En plus des analyses sur les mécanismes psychologiques ce livre offre de très nombreux exercices d’autohypnose.

 

« Hypnose douce pour vos enfants ». Jean-Michel Jakobowicz. Ed Leduc. 2020. 6.9 €. Ce livre est très simple : après une brève introduction sur l’hypnose infantile l’auteur présente de nombreux cas pratiques (énurésie, anxiété de séparation, peur du noir, hyperactivité, etc.) avec pour chaque cas une analyse, un rituel, un conte et des propositions supplémentaires sur le thème.  Les métaphores sont assez simples mais l’important est d’être efficace. De quoi vous aider à proposer vos propres contes thérapeutiques en fonction de chaque patient. Les thèmes sont souvent répétitifs, les patients et les contextes sont uniques…

 

Dans les kiosques :

_ « Etat hypnotique : qu’en disent les neurosciences ? ». Science & cerveau. Févier 2020 n° 6. 6.9 €. Cet article de 7 pages fait partie du dossier « Corps et cerveau » et est tout à fait correct même s’il est un peu décousu et se contente de citer quelques références scientifiques (ce qui n’est déjà pas si mal !) sans vraiment approfondir les fondements neuroscientifiques de l’hypnose. Un article entre grand public et vulgarisation scientifique que vos patients peuvent le lire sans problème. Dans le même numéro un article intéressant sur « Le striatum et ses multiples fonctions » (dont son rôle dans les addictions), un autre sur le « Mind mapping » et un dernier sur « Carl Gustav Jung et l’inconscient collectif » qui présente la conception de l’inconscient de ce psychanalyste et la notion d’« archétype ».

« Etes-vous sensible à l’autohypnose ? ». Dr Good. Mars 2020. N°16. 2.95€. Cet article, réalisé avec le Dr Mireille Meyer dont j’ai déjà chroniqué le livre d’exercices d’autohypnose, présente très brièvement l’autohypnose et propose trois exercices pour tester sa sensibilité au processus. Le mieux est quand même de commencer à pratiquer avec un professionnel formé !

  • « Le guide de la méditation ». Psychologies HS Février 20206.9 €. Quel casting : Christophe André, Matthieu Ricard, Frédéric LenoirJonathan Lehmann, Jon Kabat Zin, Fabrice Midal, Jiddu Krisnhamurti….  Enorme numéro très riche et comportant de nombreux exercices de sensibilisation et d’initiation. J’ai bien aimé les chapitres sur la méditation sensorielle parFlavia Mazelin Salvi et l’article sur les enfants et les ados de Jeanne Siaud-Fachin ou ceux deChristophe André. Je recommande ce numéro à tous ceux qui s’intéressent à la méditation et essayent de s’en faire une idée plus précise, ils pourront ainsi se faire une idée des convergences et différences entre autohypnose et méditation par exemple.

 

  • « Prise en charge de la douleur : des avancées pour moins souffrir ». Santé info. N°12 janvier 2020. 3.9 €. Voici un article que vous pouvez laisser trainer en salle d’attente sans souci tant il est clair et complet ! Il n’est pas signé mais l’expert cité est le Pr Frédéric Aubrun, Président de la Société Française d’Etude et Traitement de la Douleur. Après une magnifique présentation de la douleur et de ses prises en charge (dont l’hypnose) l’article comporte un vibrant plaidoyer pour la défense des consultations spécialisées dans la douleur (SDC) dont l’avenir est menacé. A lire et faire lire. Dans le même numéro un article sur la prise en charge du zona : « Vaincre un zona : possible ou pas ? » et un sur la sophrologie : « Je teste l’auto-sophrologie ».

 

  • « La rêverie compulsive : les accros à l’imaginaire ». Cerveau & Psycho. Février 2020 n°118. On me reproche souvent d’être trop dans la lune… et sans atteindre les cas sévères décrits dans l’article de Stéphanie Uhrig cet article m’a fait réfléchir et m’incite à mieux « vivre l’instant présent ». Je dois trop lire d’articles sur la méditation ! 

 

 

Radio-Podcasts :

  •       « L’hypnose : que peut-elle soigner vraiment ? » Radio Notre Dame. En quête de sens. Mardi 18 février 2020. (53 mn). (podcast). Excellente émission avec Nicole Prieur (spécialiste des relations familiales), Joëlle Mignot (sexologue) et une personne ayant expérimenté l’hypnose. Les invitées présentent de façon très claire ce qu’est l’hypnose et comment l’utiliser mais insistent également sur la nécessité de donner un cadre à la pratique de l’hypnose, notamment à l’occasion de la sortie du « Livre blanc de l’hypnose clinique et thérapeutique ». Le témoignage de la personne ayant expérimenté l’hypnose est très intéressant et rend bien le vécu d’une transe hypnotique. Une émission à conseiller à vos patients.

 

  • « Plasticité neuronale : le cerveau c’est fantastique ».  France Culture. La méthode scientifique. Mardi 10 février 2020. (58 mn). 12 février 2020. (podcast).  L’émission reçoitPauline Spéder et Pierre-Marie Lledo de l’Institut Pasteur et Jean-François Pradat de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière de Paris. L’émission décrit essentiellement les mécanismes physiologiques de cette plasticité.

 

  • « Les 1000 premiers jours de notre cerveau ». France Inter. Du vent dans les synapses. Samedi 08 février 2020. (54 mn). (podcast). Rencontre avec le neurobiologiste Yehezkel Ben-Ari qui parle d’autisme (avec un nouveau traitement très prometteur) et d’épilepsie. Surtout axé sur les aspects neurologiques.

 

  • « La clinique de l’amour ». Ce documentaire de France Culture en 5 épisodes propose de découvrir la prise en charge de 3 couples en crise par une psychanalyste et un psychologue. (podcast). En fait je n’ai pas vraiment aimé ces émissions (sauf peut-être la dernière) : les sujets sont intéressants mais la « voix off » semble plus intéressée par ses propres réflexions que par les thérapies et je regrette qu’il n’y ait pas plus de participation aux débriefings de l’équipe soignante.

 

  • « Les effets surprenants des lésions cérébrales ». Braincast, la voix des neurones. Cerveau & Psycho et ICM. Mercredi 12 février 2020. (45 mn). (podcast). Ce deuxième numéro de Braincast reçoit le Pr Laurent Cohen de l’Institut du Cerveau et de la Moelle. A partir de cas cliniques surprenants l’émission présente des concepts centraux de la psychologie, rappelant que ce fût longtemps la seule méthode d’étude des mécanismes cérébraux. Difficile de ne pas penser au célèbre livre « L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau » d’Olivier Sacks.

A la télévision :

 

  • « Médecines parallèles : bons plans ou charlatanisme ? » France 2. Envoyé Spécial. Jeudi 20 février 2020. (40 mn). (podcast). (Disponible jusqu’au 21 03 2020). Ahurissant, révoltant, déprimant… Des formations de « thérapeute Access Bars » en 24h (diplôme inclus…) financées par Pole Emploi… pourquoi se casser la tête avec des études de psychologie ou de psychiatrie ! Cela fait froid dans le dos. Vraiment il est temps de réglementer cette jungle de plus de 400 « formations parallèles ». Très belle conclusion entre Elise Lucet et Bruno Falissard.

 

  • « Délinquance : des vols sous hypnose ? » TF1. Journal télévisé vendredi 21 février 2020. (2 mn23). (podcast). Voilà de quoi rassurer le public sur l’hypnose… En fait devant ces faits lamentables les réflexions que j’ai immédiatement sont : 
    • Oui les patients en état de transe sont en position de « faiblesse » (comme un patient anesthésié est entre les mains de l’anesthésiste)
    • Oui des criminels peuvent utiliser ces techniques dans des buts malhonnêtes (comme ceux qui détournent des médicaments pour effectuer des viols par exemple).
    • Oui il faut règlementer l’enseignement et la pratique de l’hypnose pour qu’elle ne soit pratiquée que par des personnels de santé ou des psychologues correctement formés et soumis à des règles éthiques permettant l’établissement d’une relation de confiance.
    • Non on ne peut pas faire faire n’importe quoi à quelqu’un sous hypnose. Dans ces exemples les personnes ont eu des comportements contraires à leurs intérêts (comme les cobayes de certains spectacles de music-hall …) mais n’ont pas eu de comportements contraires à leurs valeurs profondes (actes illégaux ou amoraux par exemple). 
    • En conclusion : l’hypnose doit rester une technique puissante au service d’une thérapie effectuée par des thérapeutes professionnels correctement formés et encadrés.

                                   

Internet 

            « L’empathie soulagerait la douleur ». Sciences humaines magazine. Mars 2020. (podcast).  Un bref article à partir d’une publication de Camille Fauchon.

            « Rêves sous contrôle ». Conférence de Daniel Erlacher sur France Culture (31 12 2019/2016). (1h 38 mn). (podcast). Le conférencier explique tout d’abord que certaines personnes entrainées peuvent intervenir dans leurs rêves et que cette technique peut être utilisée pour améliorer des performances sportives ou autres. Cette conférence présente plusieurs études sur ce phénomène et on y retrouve des particularités retrouvées en hypnose : distorsion du temps, réponses physiologiques à des phénomènes psychiques, etc. Malheureusement la traduction (ou l’orateur) manque de fluidité et le sujet est très spécialisé. Un document rare à regarder si vous vous intéressez au sommeil et/ou aux rêves.

« Livre blanc de l’hypnose clinique et thérapeutique ». (podcast). Sur ce site vous trouverez des vidéos brèves du Dr Régis Dumas (Président de la CFHTB) et du Pr Castelnau à propos de ce document qui vient d’être diffusé et que je vous conseille de lire et de diffuser.

« Faux souvenirs, cette mémoire qui vous trahit ». Nuit blanche des chercheurs. Université de Nantes. (podcast). Jeudi 06 février 2020. (19 mn). Fabienne Colombel & Anne-Laure Gilet. Je vous recommande de regarder cette brève conférence où les chercheuses présentent, à l’aide du récit d’expériences célèbres et avec la participation du public, comment de faux souvenirs peuvent s’implanter dans la mémoire de n’importe qui. Soyez prudents dans vos interprétations ! Vous pouvez également revoir les conférences d’Elizabeth Loftus. (podcast).

« Nos émotions nous mentent ». Psychologies.com. Lundi 02 mars 2020. (podcast). Article assez court à propos d’un livre du psychanalyste Serge Tisseron qui résume bien le rôle des émotions et leurs risques. A rapprocher des études d’Elizabeth Loftus.

« Hypnose en cabinet dentaire ». Antenne 2. Télé matin. 18 novembre 2014. (5 mn). (podcast). Courte interview de Myriam Bloch, dentiste qui explique comment elle intègre l’hypnose à sa pratique.

En anglais

            – « How scientists are trying to unlock the mysteries of hypnosis ».  (podcast). Cet article date de février 2017 mais ne manque pas d’intérêt. A partir des travaux de grands spécialistes anglo-saxons de l’hypnose et de l’effet placebo (Irving Kirsch, Marcel Kinsbourne, David.R. Patterson et Mark. Jensen) l’article s’intéresse surtout à l’étude de l’hypnose par l’EEG et signale non sans humour que l’usage d’électrodes externes chez l’homme pour étudier le cerveau revient à écouter un concert des Rolling Stones… de l’extérieur du stade !

            « How yoga exercises its positive effect on depression ». Medscape. Jeudi 13 février 2020. (podcast). Le yoga modifierait les taux de GABA dans le cerveau.

            « Les inventions de la mémoire ». (podcast). (17 mn). TED conférence par Elizabeth Loftus à Edimbourg en 2013 sur les faux souvenirs. A partir d’un exemple particulièrement révoltant et de nombreux récits d’expériences elle montre à quel point nos souvenirs sont fragiles et peuvent être facilement manipulés (consciemment ou involontairement). Elle évoque aussi tous les ennuis que lui ont attirés ses interventions sur le danger de création de faux souvenirs lors de thérapies ! Nos souvenirs sont des reconstructions, alors prudence !

Pause parking :

            « Le décodeur des émotions ». Yves-Alexandre Thalmann. Ed First. 2013. 2.99 €. Ce petit livre sur l’intelligence émotionnelle, rédigé par un Professeur de psychologie, détaille bien le rôle des émotions et la façon de les analyser afin de mieux les utiliser. Il n’y a pas d’émotion « négative », chaque émotion a un rôle d’information important, à nous de savoir apprendre à les reconnaitre et les apprivoiser.

Bonnes pages :

            « La relation hypnotique ». J.Philip Zindel. Hypnose et thérapies brèves novembre 2008 n°7. Ce long article détaille les particularités de la relation hypnotique et les règles à observer pour établir une bonne relation thérapeutique. Même si cet article montre encore la difficulté pour l’hypnose de s’imposer à côté des théories psychanalytiques cette réflexion est exemplaire. A lire pour réfléchir à notre attitude avec nos patients.

            « Se dissocier mais comment faire autrement ? ». François Roustang. . Hypnose et thérapies brèves novembre 2008 n°7. Cet auteur a profondément influencé la pratique et l’enseignement de l’hypnose et ses réflexions sur l’hypnose sont aussi passionnantes que difficiles d’accès pour les débutants ! Dans cet article il revient sur la notion de dissociation dans l’œuvre de Milton H. Erickson. Une analyse très fine qui ne peut que nous amener à encore mieux réfléchir à nos pratiques.

Congrès & Formations :

            « Neuro planète, les pouvoirs méconnus du cerveau ». (podcast). La cinquième édition de cette réunion scientifique de haut niveau, ouverte gratuitement au public, aura lieu à Nice vendredi 6 et samedi 7 Mars 2020 et comprendra un atelier « Tout ce que l’on soigne par l’hypnose ». Malheureusement j’ai cette information un peu tard et les réservations sont complètes. A retenir pour l’année prochaine et espérons que certaines conférences seront disponibles en podcast.

Tendances-Vocabulaire :

            « Vagabondage mental ». En anglais « mind wandering » ou « Random Episodic SilentThinking ». Terme qui désigne un état ou l’esprit s’évade et passe de pensées focalisées sur un but donné et présent à des pensées imaginaires sur le passé ou le futur. En résumé rêvasser !

 « Rumination mentale ». Vagabondage mental envahi par des pensées désagréables.

« Réseau mode par défaut ». En anglais : Default Mode Network. Réseau neuronal découvert par Marcus Raichle en 2001 qui correspond à l’activité du cerveau « au repos » et serait le support de la « conscience de soi » (« Theory of mind »). Associé au « vagabondage mental. »

« Réseau de tâche positive. » En anglais : Task Positive Network. Réseau qui est activé quand le cerveau est attentif (et donc antagoniste du « Réseau mode par défaut »). En méditation ce réseau est activé.

« Mind mapping » : technique de mémorisation et d’apprentissage qui utilise unereprésentation visuelle des idées et informations sous forme de schéma (appelé Mind Map ou Carte mentale). Un sujet central, des sujets principaux et secondaires, desrelations ou branches, organisent les idées selon une vue hiérarchique et associative avec des codes visuels (qui peuvent être renforcés par l’utilisation de couleurs). Cette technique permet de quitter la linéarité de l’écriture et de se rapprocher du fonctionnement en réseau des neurones.

« Archétype ». Chez C. G. Jung l’inconscient est séparé en deux parties : l’inconscient personnel et l’inconscient collectif. Pour lui l’« archétype » est une structure universelle issue de l’inconscient collectif qui apparaît dans les mythes, les contes et toutes les productions imaginaires du sujet sain, névrosé ou psychotique. Par exemple « la Grande mère », « le Vieux Sage », « l’Enfant Divin », le « Soleil », etc.

Citations :

           « La psychanalyse, c’est analyser la tache qui est sur un vêtement : est-ce que c’est du café, du vin, de la cire de bougie ? Mais on n’arrive jamais à savoir comment l’enlever… Alors que dans les écoles de méditation orientale, on s’en fout de cette tache, on va juste essayer de l’enlever. »

Golshifteh Farahani

« Se souvenir, c’est souvent reconstruire… et faire des erreurs. »

Fabienne Colombel et Anne-Laure Gilet.

« Lorsqu’un parent a été absent ou que sa présence a été mal vécue, il n’est pas rare que l’on retrouve chez un enfant les caractéristiques de ce parent, dont il voulait se défendre, mais qu’il reprend à son compte, contre sa volonté. …C’est une façon de se poser comme un « bon fils », de se situer dans la lignée du père même si cela est contraire à la raison »

Nicole Prieur

« Pour parvenir à se séparer d’un parent il faut, au préalable, avoir senti suffisamment la force de sa présence et avoir vécu une période fusionnelle ».

Nicole Prieur