Refus de stage venant de notre Institut. Avis du Pr P. Castelnau président de la CFHTB

Mail du Pr Castelnau, Président de la CFHTB à une personne non pro de la santé à qui nous avons refusé une inscription à un de nos stages.

Madame, L’Institut Hypnosium Orphee Biarritz m’a transmis votre message de révolte.
Je vous confirme que leur réponse est bien conforme aux orientations de la Confédération Francophone d’Hypnose et Thérapies Brèves dont cet institut est membre actif depuis des années. Il n’y a pas de discrimination, croyez-le bien, entre les professionnels de santé « officiels » et les autres et la CFHTB au niveau francophone ainsi que l’ESH au niveau européen et l’ISH au niveau mondial sont plutôt actuellement dans une dynamique d’ouverture à l’ensemble des « professions de santé » au sens très large du terme. Mais vous conviendrez je pense que l’on peut difficilement considérer les compétences de toutes ces professions comme équivalentes simplement parce qu’elles appartiennent au cadre aussi vaste qu’hétérogène des « professions de santé ». Je préfère être opéré par un chirurgien que par un ambulancier même si les deux s’occupent, dans leurs champs de compétences, de patients au quotidien et avec le meilleur dévouement.
Il y a en réalité une double distinction qui échappe souvent à la plupart des acteurs :
1/ Pas d’hypnose de soin par les personnes qui n’ont pas une formation préalable et reconnue en santé.
Il peut y avoir reconversion professionnelle, certes, mais dans ce cas il faut d’abord acquérir une formation en santé; que l’on peut enrichir ensuite de la compétence d’hypnose ou en thérapie brèves, outils parmi d’autres. En d’autre termes, nous considérons que la maîtrise de l’hypnose ne confère pas, de facto, la compétence de thérapeute qui requiert souvent des années de pratiques et un socle de formation universitaire solide, en particulier dans le champ de la psychologie, de la psychiatrie ou de la psychothérapie. La profession de psychothérapeute ayant été, pour la même raison, règlementée par l’état depuis quelques années. En ce sens, le terme d’hypnothérapeute est inapproprié et source d’exercice illégal de la médecine ce que nous combattons avec le conseil national de l’ordre et d’autres instances actuellement.
2/ Concernant l’ensemble des professionnels de santé, tous niveaux de formation confondus qui peuvent aller de BAC + 2 à BAC + 12:
La notion de champ de compétence est très importante aussi et fait référence à la formation académique de départ. C’est pourquoi l’institut Orphée vous a orienté vers des formations autour de la douleur en tant qu’assistante dentaire (CAP, BAC ou équivalent + 18 mois). Un(e) audioprothésiste ne serait pas plus légitime dans une formation réalisée par un psychiatre sur anxiété, psychotraumatisme et burn out, situations qui conduisent parfois au suicide du patient et engagent ainsi fortement la responsabilité du praticien qui en prend la charge… Il y a donc en effet une responsabilité implicite de l’institut formateur et le discernement de l’institut Orphée n’est pas du tout « absurde » mais très avisée au contraire.
Dans votre message, que j’ai lu avec attention, vous dites: « vous ouvrez (les formations) à des personnes n’y connaissant rien à l’hypnose et à la prise en charge de patients dans ce domaine juste parce qu’elle ont le titre! »: Vous faites à nouveau erreur. L’Institut est là pour permettre à des gens qui connaissent bien leur métier et les patients dont ils s’occupent habituellement et leur apporter une compétence supplémentaire en hypnose. Le fait qu’ils ne connaissent rien à l’hypnose au départ est normal et c’est la vocation des instituts de les former correctement à cela. En revanche les instituts de formation à l’hypnose ne fabriquent ni des dentistes, ni des sages-femmes, ni des psychiatres ou des anesthésistes. Ce sont les universités qui assurent ces formations initiales en santé.
J’attire enfin votre attention sur le fait que les autorités surveillent également que le/la professionnel(le) exerce exclusivement dans son champ de compétence et que, dans le cas contraire, il/elle soit supervisé(e) ou en lien avec un médecin s’il/elle ne l’est pas lui/elle-même; tout particulièrement pour les indications de psychothérapies. Si ce n’est pas le cas, il reste, pour le moment encore, l’ultime possibilité juridique de préciser clairement à l’intention de la clientèle le fait que l’hypnose est alors pratiquée « hors d’un cadre réglementé ».
Toutes ces orientations visent à fournir aux usagers et patients, qui peuvent être dans un état de grande vulnérabilité parfois, les meilleurs garanties possibles en terme de compétences. Les récents drames recensés avec les naturopathes montrent bien que s’aventurer sur le terrain de la santé doit être bien encadré en terme de formation.
Espérant avoir enrichi votre point de vue, je vous communique à toutes fins utiles ce lien vers le Livre Blanc de la CFHTB (https://www.cfhtb.org/livre-blanc/) et vous prie de croire en l’assurance de mes cordiales salutations.
Pierre CASTELNAU

Pr Pierre CASTELNAU, MD, PhD, HDR
Chef du Service de Neuropédiatrie & Handicaps
Enseignant-Chercheur affilié à l’unité INSERM U1253 (iBrain)
Président de la Confédération Francophone d’Hypnose et Thérapies Brèves (CFHTB)
Hôpital d’Enfants Gatien de Clocheville – CHU et Université de Tours – 49 Bd Béranger, 37044 Tours cedex 9, France
eMail : castelnau@univ-tours.fr

Le mail reçu à la suite du refus :

Bonjour,
Ce que je trouve tout à fait inadmissible est la discrimination que vous appliquez entre les professionnels de santé « officiels » et les autres.
Ces professionnels de santé qui ,au final, pourraient tout à fait se révéler être de piètres thérapeutes tout comme pourraient l’être les non professionnels.
Quand je pense qu’en tant qu’audioprothésiste par exemple (pro de santé donc ) je pourrais prétendre à cette formation alors que ce domaine me serait totalement inconnu.
Et de l’autre côté une personne comme moi.
En tant qu’assistante dentaire et hypnothérapeute pratiquant l’hypnose au fauteuil , ayant été diplômée d’un organisme membre de la cfhtb, et consultant en cabinet de ville….qui ne peux pas prétendre à cette formation car pas le titre officiel?
Vous rendez-vous compte de l’absurdité de d’une telle sélection?
Je suis extrêmement révoltée !
Ces formations devraient tout simplement être ouvertes aux thérapeutes (pro de santé ou pas) ayant déjà une formation solide derrière (comme celle dont je suis issue).
À l’instar vous les ouvrez à des personnes n’y connaissant rien à l’hypnose et à la prise en charge de patients dans ce domaine juste parce qu’elle ont le titre !
Non seulement c’est injuste mais par dessus tout extrêmement grave .
Soit ! J’adresserai donc un courrier détaillé à qui de droit expliquant cette situation et quelles types de sélections s’opèrent au sein d’établissements comme le vôtre.
Je vous souhaite une bonne journée.